Nettoyage de verrerie
Le chimiste passe la moitié de son temps à faire de la vaisselle. Une question revient souvent : comment nettoyer une verrerie très sale ?
Le but de cette page est de proposer un ordre dans les procédures de nettoyage. Inutile de gaspiller du dichlorométhane si un simple goupillon avec du liquide vaisselle suffit à laver votre verrerie : économie et écologie.[1]
Sommaire
[masquer]1 Équipement à côté de l'évier
Les actions mécaniques sont très efficaces ; le chimiste a souvent tendance à oublier qu'il a des muscles et des outils pour nettoyer sa verrerie. Il est conseillé d'avoir à proximité de son évier :
- Goupillons, de trois sortes :
- un long et fin pour les tubes à essai, burettes, fioles jaugées[2] ;
- un plus gros et souple (modelable) pour les erlenmeyer, ballons, ampoules à décanter ;
- un gros goupillons avec deux touffes de poils au sommet, pour les éprouvettes et autres.
- Éponge avec grattoir
- Spatule métallique pour grattage
- Pour vous protéger, n'utilisez pas de gants fins en latex car ceux-ci glissent énormément sur la verrerie en présence d'eau. C'est souvent au moment du nettoyage que l'on casse une verrerie. Préférez des gants en caoutchouc épais avec rainures anti-dérapage à l'intérieur de la main.
- Bidons de récupération des déchets nocifs pour l'environnement, lesquels seront amenés dans une déchetterie spécialisée :
- Bidon pour substances non-halogénés.
- Bidon pour substances halogénées (molécules organiques contenant du fluor, du chlore, du brome ou de l'iode).
- Bidon pour déchets métalliques lourds.
- Si possible, mettre à part les déchets de mercure et dérivés mercuriques.
Remarques :
- Il faut éviter de faire trop de rayures sur la verrerie car cela favorise l'accroche de futurs résidus.
- Les goupillons et éponges synthétiques résistent mal à certains solvants organiques.
- Les gants en caoutchouc sont inadaptés pour se protéger des flammes.
Nous désignerons sous le terme familier "huile de coude" ces actions mécaniques, qui sont préférables aux produits chimiques (coûtant un certain prix ou pouvant présenter un certain risque).
2 Procédure de nettoyage
Tout d'abord, le nettoyage est conseillé dès que votre réaction est terminée. Attention aux réactifs en excès qui s'y trouvent encore. Si vous laissez sécher des résidus dans une verrerie, il sera plus difficile ensuite de la nettoyer ! Prenez l'habitude de faire votre vaisselle régulièrement, sans qu'elle ne s'entasse dans l'évier...
Nous conseillons les tentatives suivantes, dans l'ordre de puissance croissante :
- 1. Lavage à l'eau chaude + huile de coude (Élimine 90% des produits)
- 2. Lavage à l'eau chaude avec liquide vaisselle ou crème à récurer (Mir®, Cif®...) + huile de coude
- 3. Trempage dans l'eau très chaude avec liquide vaisselle pendant quelques heures, puis 2.
Pour des résidus minéraux coriaces :
- 4a. Utilisation d'un acide : trempage + huile de coude (goupillon ou éponge-grattoir synthétique)
- 4a.1. Détartrant ménager
(CilitBang®, Antikal®...)
- 4a.2. Acide chlorhydrique
(Attention ! Si la verrerie comporte des résidus dérivés du cyanure
, ne pas utiliser d'acide ! Passer à l'étape 4b.1 ou consulter la page : Neutralisation des cyanures.)
- 4a.3. Acide sulfurique
ou acide nitrique
(attention aux oxydations possibles, éventuellement violentes, du résidu)
- 4a.1. Détartrant ménager
- 4b. Utilisation d'une base : trempage + huile de coude (goupillon ou éponge-grattoir synthétique)
- 4b.1. Solution de soude caustique
ou déboucheur à évier (Destop®...)
- 4b.2. Solution de potasse caustique
- 4b.1. Solution de soude caustique
Pour des résidus organiques récalcitrants :
- 5. Utilisation d'un solvant non-chloré : trempage + huile de coude
- 5.1. Si produit polaire : éthanol
, alcool à brûler
, acétone
ou éther éthylique
- 5.2. Si produit apolaire : white spirit
, éther de pétrole
(ne pas rejeter à l'évier, récupérer dans un bidon "déchets non-chlorés")
- 5.1. Si produit polaire : éthanol
- 6. Utilisation d'un mélange : trempage une nuit + huile de coude
- 6.1. Potasse alcoolique
: mélange d'hydroxyde de potassium
et d'éthanol
(très corrosif)
- 6.1. Potasse alcoolique
- Bannir le mélange sulfochromique de votre laboratoire ! Il contient du chrome (VI)
, très toxique pour l'homme et l'environnement (ne surtout pas jeter à l'évier ; le réduire en chrome (III) avec un excès d'éthanol, récupérer dans un bidon "déchets métalliques").
- Bannir le mélange sulfochromique de votre laboratoire ! Il contient du chrome (VI)
- 6.2. Eau régale
: mélange d'acide nitrique (20 mL) et d'acide chlorhydrique (60 mL) tous les deux concentrés.
- 6.2. Eau régale
- 7. Utilisation d'un solvant chloré : trempage + huile de coude
- 7.1. dichlorométhane
(ne pas rejeter à l'évier, récupérer dans un bidon "déchets chlorés")
- 7.2. trichloroéthylène
(ne pas rejeter à l'évier, récupérer dans un bidon "déchets chlorés")
- 7.1. dichlorométhane
- 8. Pyrolyse et oxydation
- 8.1. Chauffage au bec bunsen, chalumeau ou au four (pas dans le four de cuisine, à cause des produits chimiques !)
- 8.2. Pour les résidus de carbone, placer un peu de nitrate de potassium
(ou de sodium) dans la verrerie puis chauffer au bec bunsen ; faire circuler le solide fondu sur le résidu (combustion vive parfois !)
3 Cas particuliers
- Taches de correcteur, Tipp-Ex®, "blanco" : dissoudre au white spirit
ou à l'éther de pétrole
. En cas d'échec, essayer l'acétone
. En cas d'échec, essayer le dichlorométhane ou le trichloroéthylène
.
- Pour des résines de peinture à l'eau : butoxyéthanol (butylglycol)
- Pour des résines isocyanates : N-méthylpyrrolidone
, diméthylformamide
(DMF)
- Autres résines : dichlorométhane
- Résidus de silicate de sodium laissant des croûtes de silice trés adhérentes sur le verre : laisser tremper quelques heures dans une solution de soude
.
- Traces marron de dioxyde de manganèse : utiliser de l'acide chlorhydrique
, de l'acide oxalique
ou de l'eau oxygénée
.
- Pour des traces de sulfures, laisser tremper une nuit la verrerie dans de l'eau de Javel
.
4 Astuces
- Pour rendre une verrerie moins adhérente, on peut greffer du silicone sur la surface :
- Une solution de diméthyldichlorosilane ou de triméthylchlorosilane dans un solvant apolaire permet ce greffage. Il en suffit de très peu puisque on ne dépose qu'une couche mince.
- On met en contact, on égoutte, laisse sécher, rince à l'eau distillée puis on rince au white spirit
pour enlever un éventuel voile de silicone non greffé et on obtient une verrerie hydrophobe permanente.
- Au toucher on sent que la surface adhère moins qu'une surface témoin non traitée.
- Les acides et bases concentrés peuvent dissoudre ce revêtement, mais il est quand même très résistant.
5 Références
- Aller ↑ Merci aux internautes du forum de chimie pour leur savoir-faire.
- Aller ↑ Francophones québécois, consultez le Dictionnaire de chimie Français-Québécois.