Extraction de son propre ADN

Un article du site scienceamusante.net.

Voici une expérience originale dans laquelle nous allons extraire un agrégat visible à l’œil nu de filaments de notre propre ADN, provenant de cellules buccales.

L’ADN, abréviation désignant la très longue molécule d’acide désoxyribonucléique, se retrouve chez tous les êtres vivants, que ce soit une plante, un animal, un insecte, une bactérie, etc. Elle est le support de l’information génétique permettant, entre autres, le codage des protéines qui détermineront la forme et les caractéristique de l’être vivant.

Cette molécule assez complexe est un polymère de nucléotides, chaque nucléotide étant lui-même constitué par l’assemblage de trois molécules : un groupement phosphate, un sucre (le désoxyribose) et une base azotée. C’est la nature de la base azotée qui différencie les nucléotides. Elles sont au nombre de 4 dans la molécule d’ADN :

Adénine
Guanine
Thymine
Cytosine
Structure de la molécule d'ADN.[1]

1 Matériel

2 Protocole expérimental

  • Avant de commencer l’extraction, refroidir 50 mL d’éthanol SGH02 en plaçant celui-ci au réfrigérateur ou dans un bain de glace.
  • La première étape consiste à préparer le tampon permettant de libérer l’ADN des cellules. Pour cela, mélanger dans le bécher au moyen de l’agitateur les quantités suivantes :
    • Une cuillère à café de shampooing
    • Une cuillère à café d'hydrogénocarbonate de sodium
    • Un quart de cuillère à café de sel
    • 120 mL d’eau froide
Ces ingrédients seront mélangés en évitant de produire de la mousse. La solution obtenue est ensuite refroidie de la même façon que l’éthanol.
  • Il faut maintenant récupérer les cellules qui contiennent l’ADN à extraire. Nous allons utiliser des cellules de la paroi intérieure des joues : pour cela, il faut les décrocher au moyen d’un léger massage des joues contre le côté des dents pendant au moins deux minutes. Cracher ensuite la salive dans le tube, en notant le niveau de salive au moyen d’un feutre (le niveau doit atteindre environ un centimètre).
  • Puis rajouter dans le tube le tampon d’extraction, en en versant l’équivalent de deux fois le volume de salive. Boucher le tube et agiter vigoureusement durant deux minutes. Noter le nouveau niveau atteint.
  • Ajouter ensuite le même volume d’éthanol refroidi que celui du mélange salive-tampon (niveau noté précédemment), en prenant soin de ne plus agiter et de verser doucement, en inclinant le tube, de façon à ce que les deux phases se mélangent le moins possible.
  • Laisser reposer quelques instants : entre les deux phases va apparaître un agrégat blanchâtre. Il s’agit d’une "méduse d’ADN".

3 Explications

  • L’activité du tampon consiste en deux propriétés : le shampooing qu’il contient est un tensioactif qui va détruire la paroi des cellules buccales, celle-ci étant majoritairement constituée de lipides, c'est à dire de graisses. De plus, l'hydrogénocarbonate de sodium et le sel de cuisine servent à augmenter la densité du mélange, de façon à faire "flotter" la méduse d’ADN libérée des cellules, qui resterait dans le mélange salive-tampon.
On distingue la méduse d’ADN (agrégat blanchâtre) dans la phase supérieure d’éthanol.
  • La méduse d'ADN obtenue n'est bien sûr pas qu'une seule molécule d'ADN, mais un grand nombre de molécules d'ADN car au départ on utilise un grand nombre de cellules buccales. De plus, comme il y a 23 paires de chromosomes dans le noyau de chaque cellule humaine (sauf certaines cellules), il y aura donc 46 molécules d'ADN par noyau. Mais les cellules contiennent aussi des mitochondries, lesquelles contiennent leur propre ADN ! Les cellules contiennent aussi de nombreuses molécules d'ARN. D'autre part, on ne trouve pas dans notre bouche que nos propres cellules, mais aussi des bactéries et des déchets d'aliments ! Dans cette expérience, est donc loin d'observer LA molécule d'ADN de notre corps !
  • L'intérêt de cette expérience est d'extraire son propre ADN, ce qui est bien plus "touchant" à observer que de l'ADN de banane.
  • Il est bien sur possible d'extraire l'ADN d'une autre personne, d'un autre animal ou d'une plante. Cependant avec une feuille de plante, il faudra déchirer les fibres de cellulose par broyage dans un mortier avec un peu de sable.

4 Références

  1. Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Acide_désoxyribonucléique
Merci à Vincent Escande pour cette contribution.